Doit-on être heureux au travail ? Et surtout l’entreprise doit-elle se placer en garante de ce bonheur ? La question peut se poser avec l’apparition récente des très branchés CHO (Chief Happiness Officers, littéralement des « Officiers en chef du Bonheur »).

QVT - Bonheur au travail

Plus largement, fait-on le bonheur de ses salariés à coup de tournois de babyfoot, de sessions de yoga du rire et d’apéros en tout genre ?

Il n’est de richesse que d’hommes : mantra des directions qui répètent à l’envie que la première richesse de l’entreprise sont ses femmes et ses hommes…

Pourtant derrière le voile des discours la réalité renvoie une image différente : les femmes et les hommes sont la première richesse de l’entreprise,  »mais »

Et comme le dirait Tyrion Lannister, le héros de Games of Thrones, ce qui est avant le  »mais » ne compte pas !!!

Sauf qu’aujourd’hui, avec les mutations du monde du travail, et plus largement de la société, il semblerait l’apport d’un collaborateur tienne de plus en plus à la capacité de l’organisation à se nourrir de sa singularité plutôt que de le fondre dans la masse de ses pairs…

… ou dit autrement, à transformer les agents en acteurs ou les collaborateurs en collaboraCteurs !

(Les mutations du travail 3)

Le salariat est-il condamné ?

Malgré le développement de l’auto-entreprenariat et l’uberisation de la société, c’est encore loin d’être le cas.

2018-02-12_17h15_00Cela génère pourtant un amusant retournement historique : la précarité associée à ces formes alternatives de développement de l’activité économique conduit à faire du  salariat un statut enviable… alors même qu’il résulte initialement de la domination du  »capital sur le travail » et  »de l’aliénation du travailleur » .

Après le burn-out ou syndrome d’épuisement professionnel, voici le bore-out qui serait lui un syndrome d’épuisement professionnel résultant de  »l’ennui au travail ».

canstockphoto10433948-2Serait-ce là une nouvelle pathologie ?

Ou encore une nouvelle injonction faite à l’entreprise : le salarié ne doit pas  »s’ennuyer ».

Pourra-t’on demain poursuive son employeur aux prud’hommes pour ennui au travail ?

La simple formulation de ce  »syndrome » doit en tout cas nous interroger sur les mutations du travail et plus largement sur la place du travail dans la société.

(Les mutations du travail 2)

Lors de la révolution industrielle, Henry FORD se demandait pourquoi chaque fois qu’il demandait une paire de bras, il y avait un cerveau qui venait avec (« Why is it every time I ask for a pair of hands, they come with a brain attached ? ») !

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Les temps modernes – Charlie Chaplin – 1936

 

Au cours de son histoire, le management ne s’est pas construit sur la confiance  au sein des  grandes entreprises (Voir l’article : « Manager par la confiance ? ») : division, standardisation,  »procéduralisation » du travail ont réduit l’autonomie des acteurs, parfois jusqu’à en faire des quasi-automates…

Alors, le management, système de domination ?

2000px-US-FBI-ShadedSeal_svg« Les agents sur le terrain et leur manageur de proximité seraient mieux à même de mettre en place des solutions rapides et efficaces (…) pour prévenir des (…) risques. Bien que le personnel du siège ait (…) été d’une aide incommensurable (…), j’ai beaucoup de mal à penser à des cas résolus par eux et je peux en nommer plusieurs qu’ils ont foirés” ! La prise de décision est  intrinsèquement plus efficace et plus rapide quand elle est décentralisée plutôt que concentrée. »

On pourrait croire cette citation issue d’un cadre de (presque) n’importe quelle grande entreprise… mais auriez-vous spontanément pensé au FBI ?

2016-06-22_15h31_34L’émergence du management est généralement associée à la révolution industrielle et au développement de l’industrie… mais saviez-vous que l’on employait avant cela le mot management dans l’agriculture, le soin médical de la mère ou du nourrisson, l’administration d’un foyer (dans laquelle le manageur est une ménagère !) ou la direction d’une école ?

Dans  »Le maniement des hommes, essai sur la rationalité managériale » Thibault LE TEXIER nous montre comment les ingénieurs de la révolution industrielle appliquant les principes du management à l’industrie et aux hommes l’ont progressivement transformé dans sa nature, pour aboutir au management que nous connaissons aujourd’hui.

Quelques idées à retenir…

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Ça ne sonne pas aussi bien que « l’entreprise libérée » de GETZ et CARNEY.

Ce n’est pas aussi radical que HAMEL et sa « fin du management ».

Mais partageant avec ces auteurs certains constats sur l’évolution des organisations, l’ANACT et son « management du travail » propose une approche pragmatique de l’évolution des pratiques managériales, plaçant le manageur de proximité et le travail au cœur de ce dispositif.