Burnout et dépression

2016-04-01_10h33_44

« Le burnout permet une externalisation de responsabilité : puisqu’il est socialement et médiatiquement véhiculé comme résultant du travail, je n’apparais plus comme le responsable de ma situation, mais comme la victime d’un coupable externe socialement désigné« 

En écho à notre précédent article sur le  »Bore-Out » on pourra lire l’article « Le burnout, mal du siècle » (Philippe Zawieca) dans Sciences Humaines n° 290 de mars 2017 qui questionne l’articulation de la vie hors travail et au travail dans le burnout. L’article questionne également la frontière floue entre dépression et burnout.

Une illustration de ce phénomène

Lors d’une intervention récente, je recevais une jeune femme en entretien individuel. Comme beaucoup de ses collègues, elle avait commencé à me décrire une situation de souffrance au travail liée, selon elle, au management déficient de sa hiérarchie. Selon ses dires, la pression était telle qu’elle en ressentait une énorme accumulation de fatigue au point de penser se faire arrêter…

En tant que tel, ce récit n’était pas étonnant puisqu’il recoupait d’autres récits d’autres collaborateurs de cette entreprise, dans laquelle il existait bien des problèmes de management et de souffrance au travail. Cependant, au fil de la discussion, un autre aspect est apparu : cette jeune femme était aussi une jeune mère qui faisait 120 km par jour pour venir travailler.

Dès lors, le récit initial prend un autre sens : la fatigue accumulée tient-elle aux conditions de travail ou bien au trajet quotidien qui se surajoute à la journée de labeur ? Sans doute chacun des facteurs y a sa part. Mais son récit,en se calant sur les discours des autres collaborateurs, la conduit à imputer sa fatigue uniquement au fonctionnement de l’entreprise plutôt qu’à sa situation personnelle. De ce fait, elle n’est pas responsable de sa situation, puisqu’elle a trouvé son   »coupable externe ».

Que déduire de ce récit ?

A travers ce récit, il ne s’agit surtout pas d’exonérer les entreprises de leur part de responsabilité dans les conditions de travail pour la rejeter sur leurs salariés.

Mais de la même façon, il faut se garder d’isoler l’entreprise et ses collaborateurs de leur environnement. Les salariés font des  »choix » personnels qui peuvent avoir un impact sur leur ressenti de leur situation professionnelle. Il faut aujourd’hui se mettre en capacité de poser tous les éléments d’une situation de travail, qu’ils soient internes ou externes, pour pouvoir les mettre en débat au sein des entreprises et étudier comment y remédier au mieux.

Cela impose certainement de requestionner le dialogue social au sein de l’entreprise et ses formes… et de requestionner, dans ce cadre, l’articulation entre vie professionnelle et vie personnelle, de façon dépassionnée…

Vaste programme !

Denis CHAUMAT
Consultant
Fondateur du Cabinet Orizon