Plus que pour une méfiance à l’égard des démarches de gestion des compétences, ces
éléments militent en faveur d’un rapprochement entre les enjeux de compétences et la
réalité des entreprises, par deux approches complémentaires.
Orizon
Doit-on être heureux au travail ? Et surtout l’entreprise doit-elle se placer en garante de ce bonheur ? La question peut se poser avec l’apparition récente des très branchés CHO (Chief Happiness Officers, littéralement des « Officiers en chef du Bonheur »).
Plus largement, fait-on le bonheur de ses salariés à coup de tournois de babyfoot, de sessions de yoga du rire et d’apéros en tout genre ?
« Le burnout permet une externalisation de responsabilité : puisqu’il est socialement et médiatiquement véhiculé comme résultant du travail, je n’apparais plus comme le responsable de ma situation, mais comme la victime d’un coupable externe socialement désigné«
La lourdeur des textes juridiques sur le télétravail contribuait à le rendre difficile à mettre en place légalement.
L’ordonnance du 22 septembre 2017 dépoussière cette règlementation et la rend accessible au plus grand nombre.
Après le burn-out ou syndrome d’épuisement professionnel, voici le bore-out qui serait lui un syndrome d’épuisement professionnel résultant de »l’ennui au travail ».
Serait-ce là une nouvelle pathologie ?
Ou encore une nouvelle injonction faite à l’entreprise : le salarié ne doit pas »s’ennuyer ».
Pourra-t’on demain poursuive son employeur aux prud’hommes pour ennui au travail ?
La simple formulation de ce »syndrome » doit en tout cas nous interroger sur les mutations du travail et plus largement sur la place du travail dans la société.
Les organisations professionnelles, publiques comme privées, sont en tension.
En dehors des raisons propres de chacune d’entre elles, de nombreuses raisons structurelles et conjoncturelles contribuent à ces difficultés :
- crise économique,
- absence de visibilité sur l’avenir (parfois même sur l’avenir très proche…),
- impact du numérique sur les marchés, sur le comportement des clients, consommateurs, usagers…
- impact du numérique sur les »métiers » et les organisations,
- réforme territoriale, pour les collectivités territoriales et les organismes dont l’activité se cale sur leur découpage…
Face à ces maux, les dirigeants (administrateurs, élus, mandataires sociaux, présidents, directeurs et directeurs généraux…) submergés par les arbitrages et la résolution des problèmes quotidiens peinent à définir une stratégie, un projet ou une vision.
Les incertitudes et la difficulté à sortir du court terme les conduit bien souvent à tenir un discours schizophrène et soumettre leurs collaborateurs à des injonctions paradoxales.