De l’incidence d’une chute de cheval sur la compétence de Nicole.

Nicole, la cinquantaine dynamique, est la secrétaire d’une petite école.

Nicole fait aussi du cheval.

Quel rapport ? En quoi faire du cheval influe-t-il sur la compétence d’une secrétaire ?

Dans un précédent article (Qu’est-ce qu’être compétent – la compétence comme système d’évaluation), nous avons posé que la compétence comme état (être compétent) relevait de l’évaluation.

En guise d’illustration, voici l’histoire (vraie) de Nicole, qui nous montre le lien entre une chute de cheval et la perception de la compétence…

Nicole, la cinquantaine dynamique, est la secrétaire d’une petite école privée sous contrat, gérée sous forme associative.

Seule administrative, elle entretient d’excellents rapports avec le président, le directeur, tous les enseignants, ainsi qu’avec les parents d’élèves qui reconnaissent tous sa « compétence« .

Serviable, dévouée, efficace, impliquée… tous sont conscients de la chance d’avoir Nicole.

Pourtant, Nicole a un défaut : elle fait du cheval !

En quoi est-ce un défaut ?

En rien, tant que Nicole reste sur le cheval… mais un beau jour, c’est la chute : six mois d’arrêt de travail !

Passée la naturelle empathie avec la pauvre Nicole, clouée au lit, le problème de son remplacement se pose rapidement : il en va du bon fonctionnement de l’école.

Mais comment remplacer Nicole ? Ce ne sera sans doute pas possible,  mais il faut bien quelqu’un pour dépanner en attendant son retour.

Ainsi, le président contacte l’agence d’intérim locale. Cette dernière lui envoie Elodie, titulaire depuis peu d’un BTS d’assistante de manageur. Comme beaucoup de jeunes, Elodie enchaîne CDD et contrats d’intérim, en attendant que l’on veuille bien lui offrir un CDI.

Un jour se passe, puis une semaine, un mois, deux mois…

C’est intéressant, la façon dont travaille Elodie. Elle ne fait pas toujours comme Nicole, mais c’est très efficace… Elle a mis en place de nouveaux outils vraiment utiles… et puis elle est sympathique, toujours souriante et elle a parfaitement su s’intégrer.

Quelque part, si Nicole ne revenait pas, on lui offrirait bien ici son premier CDI !

Mais on a des valeurs ! Au bout des six mois, Elodie quitte l’école pour chercher dans une autre entreprise ce fameux CDI… et Super Nicole revient !

Mais est-ce toujours Super Nicole ? Le regard sur son travail, sur sa compétence  n’a-t il pas changé ?

Ses compétences (comme ressources, c’est à dire ses savoirs faire, ses capacités…) n’ont pas changé, elle sait toujours faire les mêmes choses et les fait aussi bien qu’avant. Mais la perception que ses interlocuteurs ont de sa compétence (comme état) a évolué : elle n’est plus Super Nicole, parce qu’un élément de comparaison (Elodie) génère une évaluation différente de cette compétence.

Voici donc comment, tombant de cheval, Nicole a perdu une part de la compétence qu’on lui reconnaissait !

A méditer !

Denis CHAUMAT