« L’entreprise libérée », réalité ou imposture

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En 2009 paraissait l’ouvrage d’Isaac GETZ et Brian M. CARNEY  : « Liberté & Cie, Quand la liberté des salariés fait le succès des entreprises » lançant le concept à succès d’entreprise libérée.

Dans le numéro 279 daté de mars 2016 de Sciences Humaines, Jean-François DORTIER porte un regard critique sur cette « utopie managériale ».

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Sciences Humaines n° 279 – Mars 2016 Pages 54 à 57

La critique de Jean-François DORTIER et des auteurs qu’il mobilise s’articule autour de 5 points :

  1. Tout d’abord, et c’est une remarque importante, GETZ et CARNEY ne donnent la parole qu’aux « leaders libérateurs » des entreprises qu’ils citent en exemple. Les salariés sont les grands absents de ces récits !
  2. L’entreprise libérée se propose d’abattre le modèle de l’entreprise taylorienne qui a déjà fait l’objet de nombreuses critiques et de propositions alternatives : l’école des relations humaines, le modèle Y de Mac Grégor, les équipes semi-autonomes des années 1970, le management participatif…
  3. De nouvelles pratiques bureaucratiques s’imposent aux entreprises : contrôle de gestion, normes de qualité, normes comptables, reporting informatique… Mais une grande partie de ces contraintes bureaucratiques est imposée de l’extérieur, et leur suppression ne dépend pas des « leaders libérateurs ».
  4. La suppression des services supports, notamment des services RH, supprime-t-elle les problèmes auxquels ils répondent ? Le manageurs sont-ils capables de prendre en charge toutes les fonctions dévolues à ces services supports ?
  5.  Enfin, l’entreprise libérée prône l’autocontrôle, avec le risque que l’organisation évolue vers le contrôle de tout le monde par tout le monde et avec les dérives que cela peut comporter.